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Légendes du pays de Saint-Guilhem-Le-Désert

Le diable et le pauvre paysan.




Un jour du mois d'avril, il y a fort longtemps, un pauvre paysan travaillait la terre dans une de ces terres perdues, là-haut dans la montagne en compagnie de ses deux fidèles boeufs.
Le travail était dur et les récoltes bien maigres dans le désert de St-Guilhem.
Alors qu'il creusait le sol aussi sec que le cuir d'une charogne au soleil, le diable surgit soudain.
- Hola l'homme, lui dit le Malin, que fait tu ici de bon matin, tu creuses ta tombe.
- point, point! lui retourna l'homme visiblement très fatigué par telle besogne.
- bon! C'est mon bon jour du mois, je suis Messire le Diable, et je vais t'offrir un voeu que j'exaucerai, mais sache que je donnerai le double à ton voisin le gueux Bolouis


Le paysan se mit dans une rage folle. Il jeta violament sa pioche à terre et s'emporta:
- Quoi! Vous allez donner à ce vaurien, ce sac à purin, à ce moins que rien, quelque chose et surtout le double de moi, c'est injuste.
- Bolouis cette canaille, ne vaut rien, c'est un jaloux et en plus c'est un profiteur.
- Je reviens demain au même endroit pour connaître ton souhait lui dit le diable.
- N'oublie pas Bolouis le vaurien comme tu dis aura de double de toi, si tu veux quelque chose.!


Et zou, le diable disparut en un instant, dans l'air sec de la Combe de Gellone.
Au coucher du soleil, le paysan descendit avec ses boeufs en direction du village. Il entra dans sa masure pour souper d'une escuelle de pois-chiche.
Il conta l'histoire à sa compagne en chuchotant afin que les murs des maisons du village qui possèdent des oreilles, ne puissent entendre.
La femme se signa plusieurs fois afin de conjurer le mauvais sort. Et se mirent au lit... Mais le sommeil n'était pas au rendez-vous. Toute la nuit il eut l'esprit torturé par la propositions diabolique.


Le lendemain, le vent marin avait ramené sur la montagne un grand linceul de nuages bas, et le ciel devint rapidement menaçant.
Cependant, le paysan retourna travailler sa pièce de terre pour remonter un mur de pierres froides.
Alors qu'il s'y attendait le moins le Diable réapparut.
- Comment vas tu le gueux? : lui dit-il.
- Mal, mal, j'ai pas dormi de la nuit lui rétorqua le paysan.
- Bien, bien, voilà qui me plaît. Si tu as trouvé de la souffrance dans ma proposition, c'est pour mon plus grand plaisir!
- Qu'à tu décidé le gueux!
- Et bien voilà Messire le Diable.
- Avec ma femme La Prétonille, toute la nuit nous avons pensé.
- Ah oui,à quoi? lui demanda Satan.
- À notre voeu pardi, mais surtout au "doublet "pour ce gueux de Bolouis, notre infâme voisin qu'on déteste...
- C'est bien répondit Belzebut, je vois que tu ne l'aimes pas ça me plaît cette affaire!
- Avec ma femme, reprit le pauvre paysan, on a d'abord pensé obtenir mille écus d'or, mais Bolouis en aurait deux mille, ça jamais! Sale type.
- Puis, on habite dans une vieille masure, on s'y gèle l'hiver et on s'étouffe l'été avec la chaleur brulante du climat d'ici. On avait songé à une belle maison avac un toit en tuile et tout le confort, mais Bolouis en aurait deux, ça jamais.
- Ensuite on s'est dit, on est vieux et fatigués, et si on rajeunissait de 20 ans, mais Bolouis lui gagnerai 40 ans de jeunesse, plutôt mourir.
- Bon, dit le Diable qui commençait à s'impatienter il est temps de choisir.


Et le pauvre paysan une ultime fois demanda au Malin :
- Diable ce que je vais avoir, Bolouis aura le double...
- Je te le promets répondit Belzebut, et je n'ai qu'une parole.
- Alors Diable créve-moi un Oeil... Comme ça Bolouis sera aveugle! Hurla le pauvre paysan avec une grande satisfaction malfaisante.


Le Diable s'éxécuta aussitôt et disparu comme par enchantement dans un orage d'une violence inouï.


HUBERT BORG (© droits réservés)