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Balade N°1

Dans le désert de Saint Guilhem





Entre les garrigues verdoyantes et les causses arides, les monts de ST-Guilhem, partie du Languedoc jadis parcourue par les pélérins de St-Jacques de Compostelles.


Le pélerin arrivait par la Grande route de Ganges, celle qui venait de là-haut, de la Cévennes schisteuse.

Muni de son bâton de châtaignier, de sa ceinture de cuir brun, enveloppé dans des habits de toile grossière, avec un simple baluchon pour bagage, et autour du cou la fameuse coquille de St Jacques, signe distinctif de ces voyageurs motivés. Ils partaient pour de nombreux mois, voire des années.


Apercevant les flots bleus du fleuve l'Hérault au pied de la combe de la Baume, il savait alors que le village de Guilhaume au Court-Nez ne se trouvait plus très loin.


Saint Guilhem, halte indispensable pour le repos de l'âme et du corps. Un lieu magique d'où émane une étrange sensation, et où une sorte de pacte d'une qualité particulière semble avoir été passée en l'Homme et la Nature. Sérénité et sauvagerie. Le pélerin ne s'y trompait pas et fasciné par l'immensité calme et superbe du spectacle, il ne pouvait être que renforcé dans sa foi religieuse.


Soudain un bruit de ruisseau "le Verdus" se faufile joyeusement à travers le village médiéval, et ses maisons par une série de vôutes souterraines, faisant de larges apparitions à la lumière pour affirmer ça et là son existence notamment par son illustre cascade auprès de l'abbaye, qu'on aime ici à nommer familièrement "Lo goutch".

Le cheminement danse encore avec quelques masures aux tuiles patinées par le temps, quelques ruelles sombres et autres venelles mystérieuses, fraîches et attachantes quand voici notre pélérin dans le "gimel" (porche d'entrée) de la vénénérable église. Une ruche de Dieu qui avait le rare privilège de détenir un fragment de la Vraie Croix du Christ.

Après avoir goûté à l'hospitalité des moines de l'abbaye, après une prière au petit matin et un ultime regard sur ce pittoresque village, le pélérin poursuit sa route et s'enfonce dans le "désert de St Guilhem". D'un coup d'oeil, presque au niveau de la dernière maison du village, il découvre la combe de Gellone, avec son cirque rocheux fraternellement surnommé "Le Bout du Monde". Une merveille millénaire...


Un paysage qui se distingue par sa singularité et le contrastes de ses couleurs. De hautes parois gris-blanc surplombent le fond d'un vallon couvert d'une herbe tendre et parfumée.



Au fur et à mesure qu'il grimpait sur le sentier rocailleux, le pélérin découvrait le panorama de la vallée où dit-on souffle l'Esprit... Soudain le profil vertigineux du Roc de la Bissonne (roc de l'écho) et, son chaos d'éboulis étrange extrémité du cirque d'où surgissent ça et là quelques pins de Salzmann.


Sur le versant opposé, mille terrasses de pierres sèches retiennent solidement les oliviers. Leur ramure argentée flotte au vent et tout au fond, se découpant en dentelles de pierres frafiles, voici les vestiges du château du Géant.

En face de lui, comme accroché dans le vide à flanc de falaise, le pont de pierre dit de "l'Escaliou", plus connu sous le nom de "Fenestrelles".

Ouvrage d'art extrême dans cette immensité minérale, les Fenestrelles deviendront le passage obligé, et inévitable pour accéder aux hautes terres du pays d'Oc et poursuivre ensuite son chemin vers Compostelle.


HUBERT BORG (© droits réservés).