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Scandale en temps réel

Les forages de gaz schisteux dans l'Herault - de l'eau dans le gaz sous le causse du Larzac. Gaz de schiste en France


















 NO GAZARAN ! 
Un rassemblement des collectifs citoyens.
le dimanche 26 février 2012 à partir de 10h00
Place des Combettes à Villeneuve-de-Berg.

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 NO GAZARAN ! 
une réunion publique + débat autour du permis "Plaines du Languedoc".
le vendredi 2 mars 2012 à 19h00
à Puissergier (Hérault) à la Maison du Peuple

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Au début du printemps dernier, dans la plus grande opacité, le MEEDDM (ministère de l’Ecologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer), dirigé à l’époque par Jean Louis Borloo, accordait trois permis exclusifs[i] de recherche de gaz de schiste en France, le nouvel or noir, à Total le géant pétrolier français, à Gaz de France et au groupe Texan Schuepbach.


Un nouveau terrain de jeu de 15 000 km2; s’ouvre donc dans le Sud de la France pour des entreprises pétrolières, en mal d’énergies fossiles à vendre et à gaspiller.



EXCLUSIF : N. Kosciusko-Morizet confirme un moratoire de 6 mois sur les explorations de gaz de schiste !

L'information vient de tomber (voir confirmation AFP ci-dessous) :

Après une nouvelle question au Gouvernement par le groupe socialiste à l'Assemblée Nationale aujourd'hui 2 février 2011 et devant l'ampleur de la mobilisation partout en France, NKM a confirmé vers 16H00 à Pascal Terrasse , Député et président du Conseil général de l'Ardèche, un moratoire de 6 mois sur l'exploration des gazs de schiste.

NKM a précisé à Pascal Terrasse qu'elle attend les conclusions d'une commission composée du conseil général de l'environnement et du développement durable avant de prendre de nouvelles décisions sur le sujet.

C'EST UNE PREMIERE VICTOIRE FACE AU GOUVERNEMENT !!

Bien sûr, rien n'est définitivement arrêté, donc la bataille continue ! Tous ensemble !
Évidemment la garde ne doit pas être baissée mais au contraire amplifiée ! 6 mois pour calmer les ardeurs d'une partie des gens qui sont montés au créneau, un peu comme ces manifs qui s'essoufflent pendant les vacances scolaires et qui ne reprennent pas à la rentrée... Belle stratégie de gouvernement ! C'est la suppression pure et simple que l'on veut, pas 6 mois de sursis !



La ministre de l'Ecologie diligente une mission sur les gaz de schiste
(AFP) – le 3 février 2011


PARIS — La ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), a annoncé mercredi avoir demandé à l'administration de mener une mission sur les enjeux environnementaux de l'exploitation des gaz de schiste, très critiquée par les écologistes et plusieurs élus.

"Nous confions, mon collègue (le ministre de l'Energie) Eric Besson et moi-même, aux conseils généraux de l'industrie et de l'environnement une mission pour évaluer les enjeux, et d'abord les enjeux environnementaux", des gaz de schiste, a annoncé Mme Kosciusko-Morizet à l'Assemblée nationale, en réponse à une question de la députée (PS) Geneviève Gaillard.

"Aucune autorisation de travaux sur le gaz de schiste ne sera donnée ni même instruite avant le résultat de cette mission", a-t-elle ajouté.

"L'enjeu est très simple : est-il possible en France d'exploiter ces gisements (...) proprement ?", a expliqué la ministre.

"Si ce n'est pas possible, ces gisements ne seraient pas mis en exploitation", a-t-elle assuré.

Mme Kosciusko-Morizet a ajouté que "toute exploitation n'aurait d'intérêt que si ça fonctionnait par substitution au gaz importé et jamais en remise en cause de nos engagements en matière d'énergie renouvelable".

Pris au piège dans des roches très peu perméables, les gaz de schiste sont extraits grâce à des forages horizontaux qui fracturent la roche en injectant d'énormes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques.

De nombreux élus et associations écologistes s'inquiètent de l'impact sur l'environnement d'une éventuelle exploitation de ces gaz.

La ministre de l'Ecologie a précisé que trois permis d'exploration de gaz de schiste avaient été accordés en France et trois autres pour de l'huile de schiste (pétrole).

"Pour l'huile de schiste, des autorisations de travaux ont été données", a reconnu NKM en réponse à une question du député Vert Yves Cochet.

"Sous l'autorité du Premier ministre, nous allons réunir sans délai les industriels détenteurs de ces autorisations d'exploration sur l'huile de schiste. Mon objectif est clair : empêcher tous travaux tant que les conditions environnementales ne seront pas clarifiées", a déclaré la ministre.

La député européenne d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), Michèle Rivasi, reçue mercredi matin par la ministre a, de son côté, souligné que NKM lui avait "confié avoir été surprise en prenant connaissance de ces permis de prospection et exploration délivrés par son prédécesseur Jean-Louis Borloo, et ce sans aucune discussion préalable".

Parlant pour sa part de "cadeau empoisonné de Borloo", Michèle Rivasi a estimé que "la ministre, vue l'ampleur des manifestations, est très consciente du problème et va demander un arbitrage au niveau de Matignon parce qu'elle est plutôt en faveur de la suspension."

L'élue européenne du Grand sud-est de la France a, pour sa part, demandé à la Direction générale Energie de la Commission européenne de vérifier les législations dans les pays concernés, outre la France, la Pologne, la Suède et la Grande-Bretagne. Bruxelles devrait "passer en revue les législations des pays pour le respect des nappes phréatiques et je pousse à ce qu'ils soient draconiens là-dessus, notamment en Pologne", a ajouté la député.
Copyright © 2011 AFP.






-------- Message original --------
Sujet: Moratoire sur les gaz de schiste
Date : Wed, 12 Jan 2011 12:12:50 +0100
De : DURAND Jean-Marie - Cabinet Kosciusko-Morizet


Madame, Monsieur,

Vous m'avez fait connaître vos préoccupations quant aux problèmes environnementaux posés par l'extraction de gaz de schistes et vous avez demandé que soit mis en place un moratoire sur ce sujet.

Actuellement, plusieurs permis d'exploration de gaz de schistes ont été accordés en France. Ces permis ont pour objectif une meilleure connaissance du sous-sol. Les forages à réaliser sont des puits de reconnaissance faisant appel à des techniques classiques. Les entreprises doivent néanmoins déposer une demande d'ouverture des travaux avec un dossier comprenant notamment une notice d'impact, un document indiquant les incidences des travaux sur la ressource en eau et une étude de danger. Ces dossiers seront instruits et feront l'objet, le cas échéant, d'un arrêté préfectoral encadrant les travaux.

Aucune demande n'a été faite pour une phase d'exploitation qui pourrait faire appel aux techniques qui vous inquiètent. Une éventuelle demande se ferait en deux temps : demande de titre minier d'exploitation (aussi appelé concession) et demande d'ouverture des travaux (cf. ci-dessus). L'obtention de la concession ferait l'objet d'une instruction locale et d'une enquête publique, puis d'un avis du Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies et ensuite du Conseil d'Etat avant un éventuel décret du Premier ministre. L'instruction des dossiers se ferait selon la réglementation en vigueur (code minier et code de l'environnement) qui exige notamment que soient maîtrisés les impacts environnementaux.

Jean-Marie Durand
Directeur adjoint du cabinet
MEDDTL



Signer les 2 pétitions contre l'exploitation du gaz de schiste.
    










Supplément au Monde n°20528
du Samedi 22 janvier 2011

Gaz de Schiste
La nouvelle Colère de José Bové



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Introduction

La transition énergétique  qui substitue les énergies renouvelables aux combustibles fossiles est en marche.


Le gaz naturel va probablement occuper une place importante dans les décennies à venir pour accompagner cette transition. On estime ainsi que la consommation mondiale de gaz devrait passer de 3 téramètres cubes en 2007 à 4,4 téramètres cubes en 2030.


Alors que les réserves de gaz naturel conventionnel décroissent (estimation à 60 ans de consommation), un certain nombre de pays se tournent de plus en plus vers l’extraction de gaz non conventionnels nichés dans le charbon, les schistes et des réservoirs particulièrement difficiles à exploiter car ils permettent de réévaluer les réserves mondiales de gaz de 60 à 250 % selon Petroleum Economist. Pour certains c’est la promesse d’un nouvel eldorado économique d’autant plus que les gisements sont disséminés dans de nombreux bassins sédimentaires dans le monde notamment aux Etats-Unis et en Europe, de quoi s’affranchir de contextes géopolitiques parfois instables. Rappelons en effet que 4 pays contrôlent aujourd’hui 55% des réserves de gaz naturel conventionnel : Russie, Iran, Qatar et Arabie Saoudite.


Source: Investors Chronicle -Avril 2010


Avec les gaz non conventionnels, la Russie a perdu en 2009 son statut de premier producteur mondial de gaz au profit des Etats-Unis où la production a progressé de 4% pour atteindre 601 Gm3 contre 575 Gm3 pour la Russie.


source: Agence d'Information sur l'Energie
Principaux gisements de gaz de schiste aux EU (Agence Information sur l’Energie/Reuters)


La Chine, dernière entrée dans la course au développement des gaz non conventionnels, devrait voir sa consommation de gaz naturel croître de 6% par an en moyenne entre 2008 et 2035. L’économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Energie Fatih Birol estime ainsi que l’on pourrait assister dans les prochaines années à un « âge d’or du gaz ».


Ce nouvel eldorado risque pourtant de devenir une véritable bombe à retardement sur le plan écologique en raison des techniques d’extraction auxquelles on est obligé de recourir. Pour éviter que ces évolutions technologiques ne se traduisent par un désastre environnemental, CAP21 a décidé d’ouvrir le dossier, de mener l’enquête et de tirer la sonnette d’alarme en demandant un moratoire européen.


1. Les gaz non conventionnels


A la différence du gaz conventionnel, ces gaz se trouvent répartis de manière diffuse dans différentes couches géologiques. On en distingue trois catégories : les gaz de schistes, les gaz de houille et les gaz de réservoir ultracompacts (tight gas) selon qu’ils sont enfermés dans une roche mère argileuse (schistes), des filons de charbon (houille) ou des réservoirs de très faible perméabilité, difficiles à exploiter (tight gas).


Les progrès techniques permettent aujourd’hui leur exploitation dans des conditions économiques rentables. Deux techniques sont ainsi employées :


- le forage horizontal à partir d’un puits vertical qui permet de recouper sur de grandes distances (1 à 3 kms) la formation productrice de gaz




- la fracturation hydraulique qui permet de créer des fractures artificielles pour extraire le gaz. Cette fracturation se fait par injection d’eau sous forte pression avec du sable fin et des produits chimiques destinés à empêcher les fractures de se refermer.



Ces techniques ne sont pas sans poser de lourds inconvénients pour l’environnement.


2. Un risque majeur pour l’environnement et la santé publique


La fracturation hydraulique requiert en premier lieu d’importantes quantités d’eau, plusieurs millions de litres d’eau pour chaque gisement exploité. Elle utilise de nombreux produits chimiques dont on ne connaît d’ailleurs par la liste exhaustive. On trouve notamment des produits gélifiants, des antibactériens, des acides…. Selon le Département de la Protection de l’Environnement en Pennsylvanie, c’est un véritable cocktail chimique qui est utilisé par l’industrie avec des composés souvent hautement cancérogènes, reprotoxiques et toxiques pour les milieux aquatiques. Ont été identifiés entre autres le benzène et ses dérivés, les éthers de glycol, des acides, du formaldéhyde, du toluène, du xylène, du naphtalène, des amides et amines…..
Une partie seulement de l’eau utilisée est récupérée (50à 90 % ?) dans de vastes bassins de récupération et nécessite d’être traitée. Les stations d’épuration urbaines ne savent pas traiter ces effluents.


Avec l’évaporation des émissions de COV entrent en contact dans l’air avec les émissions de diesel des camions et des génératrices présentes sur le site produisant de l’ozone troposphérique pouvant se déplacer sur des centaines de kilomètres.


Outre les émissions toxiques dans l’atmosphère liées au torchage (CO2, NOx, particules fines, etc…), l’extraction génère des risques réels d’émissions fugitives de méthane et de fuites de sulfure d’hydrogène, un gaz toxique et explosif.


En outre, les équipements d’extraction du gaz de schiste fonctionnent de façon continue et constituent une source importante de bruit sans compter les transports sur route liées à l’activité.


Pierre Gadonneix, président du Conseil mondial de l’Energie, président d’honneur d’EDF reconnaît  dans le Monde du 16 septembre 2010 qu’il ne faut pas fier trop aux mirages de la technologie et qu’il faut ajouter « le coût écologique pour prévenir le « mitage » des zones de puits, les incertitudes quant aux effets des produits chimiques d’infiltration et in fine, le prix qui sera donné au CO2, sans compter le coût des règles de sureté ».


A ce titre l’expérience américaine doit nous éviter d’importer en Europe ce qui s’apparente de plus en plus à une catastrophe environnementale.


3. L’expérience des Etats Unis


Le gaz de schiste est exploité depuis plusieurs années aux Etats Unis. On y compte près de 500 000 puits d’exploitation dans 31 Etats. En 2009, le gaz non conventionnel a ainsi représenté la moitié de la production gazière américaine, et il en assurerait 60 % en 2030, selon les dernières projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). D’autres experts évoquent désormais un siècle de réserves aux États-Unis, soit plus du double des prévisions établies il y a une dizaine d’années. BP, Shell, Exxon Mobil, Total investissent les unes après les autres dans ces gisements très prometteurs.


Mais la question de leur impact environnemental fait de plus en plus débat avec la multiplication des histoires de puits contaminés, notamment en Pennsylvanie, Colorado, Ohio et Wyoming. La question est complexe car les entreprises ne sont pas tenues de rendre publique la liste des produits chimiques utilisés lors de la fracturation en raison de la protection du secret industriel.


En mars 2009, l’Agence américaine de Protection de l’Environnement, l’EPA, enquêtait sur l’origine de la contamination chimique de puits dans le village de Pavilion, Wyoming où on exploite les gaz non conventionnels. Son rapport déposé en août 2010 a révélé que l’eau de 11 des 17 puits des résidents contenaient entre autres du 2-butoxyéthanol, un composé hautement cancérogène ainsi que de l’arsenic, du cuivre et d’autres métaux. En février dernier, un comité du Congrès américain révélait que deux géants de l’industrie avaient utilisé dans leurs opérations de fracturation du benzène et autres hydrocarbures entre 2005 et 2007.





A Dish, petite cité dortoir du Texas, les habitants s’inquiètent de l’air pollué par l’industrie gazière. Une quinzaine de forages existent dans les limites communales mais le territoire est quadrillé d’environ 12 000 puits. Des concentrations importantes de benzène, hautement cancérogène , ont été relevées l’année dernière dans l’air de la ville. Une association environnementale a relevé également la présence de méthyl pyridine et diméthyl pyridine, composés neurotoxiques, à des niveaux supérieures aux seuils sanitaires dans les aires résidentielles. Les agriculteurs ont rencontré également des problèmes avec leurs élevages (morts suspectes de leurs animaux).



L’extraction gazière s’est accompagnée d’activités sismiques anormales dans certaines régions au nord du Texas.
Matt Simmons, fondateur de l’une des plus importantes banques d’investissement dans le secteur de l’énergie et conseiller de George W. Bush estimait que pour exploiter le gaz de schiste de la nappe Barnett au Texas, l’industrie a consommé 72 milliards de gallons d’eau pour fracturer 10 000 puits sur une période de trois ans et demi.


La ville de New York a diligenté une étude d’impact de l’extraction des gaz non conventionnels pour la ressource en eau qu’elle exploite. Il a été estimé que 3000 à 6000 puits étaient susceptibles d’être réalisés en finalité pour exploiter les gisements et que les risques cumulatifs devenaient alors significatifs. Le rapport souligne que les opérations de fracturation en plus d’utiliser des quantités astronomiques d’eau utiliseraient chaque jour plusieurs centaines de tonnes de produits chimiques dont plusieurs « sont toxiques pour l’environnement et la santé humaine » et menaceraient l’approvisionnement en eau potable de New York.


Un article paru dans la revue Scientific American souligne aussi des contaminations radioactives à partir de données du Department of Environmental Conservation (DEC) de New York qui aurait analysé 13 prélèvements d’eaux usées de forage à des centaines de pieds de profondeur. On a trouvé dans les eaux usées du radium 226, un dérivé de l’uranium, à des concentrations dépassant 267 fois la limite permise aux déversements dans la nature et des milles fois la limite permise dans l’eau potable.


La ville de New York a voté en août dernier un moratoire temporaire sur toute exploitation qui combine forage horizontal et fracturation hydraulique dans le bassin versant de 4000 km2 qui approvisionne son aqueduc municipal.


Le conseil municipal de Pittsburgh a pris récemment la même décision pour éviter la contamination de l’eau, de l’air, des sols du territoire.


Une série d’enquêtes menée par le média ProPublica estime que la fracturation hydraulique est un dénominateur commun de plus d’un millier de cas de contamination de l’eau dans 7 Etats des USA.


Le 18 mars dernier, l’Agence gouvernementale de Protection de l’Environnement (EPA) s’est lancée dans une étude approfondie qui durera près de deux ans en mobilisant notamment ses bureaux régionaux au Colorado, Texas, New York et Pennsylvanie. Ce sont près de 2 millions de dollars qui seront consacrés en 2010 à cette expertise. L’Agence revient ainsi sur ses premières conclusions de 2004 par lesquelles elle concluait que la fracturation hydraulique ne présentait pas de risques pour la qualité de l’eau potable. Ce rapport avait été particulièrement critiqué en partie parce que l’Agence n’avait conduit aucune étude sur l’eau pour aboutir à ces conclusions. Selon ProPublica, la rédaction avait d’ailleurs été négociée entre l’EPA et l’industrie soutenue par le vice-président Dick Cheney. Ce rapport avait servi à l’administration Bush pour exempter en 2005 la fracturation hydraulique de la loi sur la sécurité de l’eau potable (Clean Water Act). 50 membres de la chambre des Représentants ont présenté récemment un projet de loi (Frac Act) pour remettre en cause cette exemption.


Le Conseil des Présidents des Sociétés Scientifiques (Council of Scientific Societies Presidents) qui regroupe 62 sociétés pour 1,4 millions de scientifiques membres a adressé une lettre ouverte au gouvernement américain le 4 mai 2010 pour demander notamment une expertise scientifique de l’extraction des gaz non conventionnels avec évaluation de son impact sur les espaces ruraux, la fourniture et la qualité de l’eau et l’évaluation de l’émission des gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle.


Un documentaire choc, GASLAND, réalisé par Josh Fox a été diffusé aux Etats-Unis l’été dernier  pour révéler au public les dangers de cette industrie : de l’eau du robinet qui s’enflamme, des habitants malades, des nappes contaminées, des animaux qui meurent de manière inexpliquée,  autant de témoignages pour alerter l’opinion publique.


Par ailleurs, la multiplication des forages et des réseaux de « pipes » affectent les paysages.


Les voix qui s’élèvent aux Etats-Unis, au Canada, au Québec sont de plus en plus nombreuses pour demander un moratoire : une voie à suivre en Europe et en France ?



La Bande Annonce


Le Film en VO sous titré français



4. Convoitises sur l’Europe


L’industrie pétrolière et gazière s’intéresse actuellement de près au continent européen, notamment à la Pologne, la Hongrie, l’Ukraine et l’Allemagne. Certains estiment que l’Europe pourrait renfermer dans son sous-sol 36 000 milliards de mètres cube de gaz non conventionnels (jusqu’à une profondeur de 1000 mètres). La faculté de diminuer sa dépendance des importations, notamment de gaz russe intensifie la pression. Les compagnies pétrolières (ExxonMobil, Shell, BP, Total, ENI, PetroChina, Statoil, Talisman…), qui ont du mal à reconstituer leurs réserves d’hydrocarbures, y voient de nouveaux relais de croissance.


Le potentiel français en matière de gaz non conventionnel se concentre dans le sud-est dans un triangle formé par Valence, Montpellier et Nice, particulièrement en Ardèche, dans la Drôme et les Hautes-Alpes. Et potentiellement dans le Bassin parisien et en Aquitaine.


Total prépare la fin de l’exploitation du gisement de Lacq (Pyrénées Atlantiques) et prévoit d’investir 37,8 millions d’euros dans la Drôme et l’Ardèche pour explorer le sous-sol et rechercher les gaz de schistes.  Le groupe a obtenu le 31 mars dernier un permis exclusif de recherche valable pour 5 ans et couvrant une surface de 4327 km2 entre Montélimar et Montpellier.




De petites compagnies prospectent également et ont déjà obtenu des autorisations. Eurenergy Resource a obtenu ainsi une concession de 5000 m2 en Moselle.


La compagnie australienne EGL (European Gas Limited) entend exploiter en France le gaz de houille. Cette entreprise a racheté en 2008 Gazonor, l’ex-filiale des Charbonnages de France spécialisée dans la valorisation du grisou. Elle exploite ainsi le gaz de mine dans d’anciennes houillères du Nord Pas de Calais. EGL a repéré du gaz de houille dans le Valenciennois et a obtenu un permis d’exploration pour ce gisement estimé à 65 milliards de mètres cube selon le BIP du 6 janvier 2010.  Ce permis s’ajoute à cinq autres : deux en Lorraine, un dans le Jura, un près de Saint-Etienne (Loire) et un à Gardanne (Bouches-du-Rhône).  Il faudra forer à plus de 1300 mètres de profondeur pour atteindre le gisement de ce dernier. Le gaz de houille français intéresse aussi le groupe canadien Vermilion qui exploite déjà sur notre territoire du gaz conventionnel.


Egdon Resources Limited, une compagnie anglaise a obtenu un permis pour une exploration sur Navacelles (216 km2).


GDF Suez s’intéresse aussi au dossier et devrait mener des explorations en Ardèche.


On parle aussi de recherche d’huiles de schiste au cœur du bassin parisien. Une petite zone à la frontière de la Picardie, de la Champagne-Ardenne et de l’Ile-de-France serait même l’un des rares lieux de la planète où la production de cet hydrocarbure pourrait être envisageable, selon Prithiraj Chungkham, géologue au cabinet de consultants américain IHS.


Une cartographie détaillée des ressources européennes en gaz de schiste a par ailleurs été confiée à un consortium (GASH) auquel participent l’IFP Energies Nouvelles, Total, GDF Suez, Schlumberger, ExxonMobil, Wintershall, Repsol, Marathon et Statoil qui devrait aboutir, d’ici deux  ans, à une connaissance beaucoup plus fine des ressources.


Conclusion


De nombreux acteurs industriels, en particulière de la filière du pétrole, s’intéressent de près l’exploration-production des ressources de gaz non conventionnels dispersées dans le monde, contribuant à une redistribution de la géostratégie énergétique internationale.


Le gaz de schiste est ainsi devenu la seconde source énergétique des Etats-Unis, permet de chauffer plus de la moitié des foyers et relance l’idée de propulser au gaz les véhicules des ménages américains.


L’Europe dont la France suscite actuellement de nombreuses convoitises, des permis d’explorer sont ainsi délivrés pour identifier les gisements potentiels.


De nombreuses voix commencent cependant à s’ élever aux Etats-Unis en raison des conséquences écologiques désastreuses de l’extraction sur la ressource en eau, la qualité de l’air et des sols et du mitage du paysage. Des villes votent pour l’instauration de moratoires, les associations canadiennes se mobilisent à leur tour.


Avant que cette aventure industrielle hasardeuse et risquée ne s’exporte sur le Vieux Continent, CAP21 ouvre le débat et demande l’instauration d’un moratoire sur l’exploration et l’extraction à l’échelle de l’Europe dans l’attente d’une expertise scientifique indépendante sur les risques environnementaux liés à cette industrie.


Le 6 décembre 2010

Eric Delhaye, Président délégué de CAP21

Avec le concours de Bertrand RIO, Olivier ARLES, Benoit CHAUVIN, Benoit PETIT